Les indicateurs issus des enquêtes de conjoncture auprès des entrepreneurs européens s’étant nettement dégradés au cours du printemps (à partir d’avril pour l’ « Indicateur du Sentiment Economique » de la Commission européenne et les indices PMI pour la zone euro d’une part, et, d’autre part, à partir de mai pour les indices ZEW pour la zone euro et l’enquête IFO pour l’Allemagne), une baisse du PIB au 2e trimestre
2012 dans la zone euro est à craindre. En effet, alors que le fait que ces indicateurs repartent à la baisse est déjà une mauvaise nouvelle en soi, il faut ajouter que le mouvement est particulièrement appuyé et rapide. Un indicateur tel que le PMI pour la zone euro, qui est relativement bien corrélé avec l’évolution du PIB, indique ainsi un recul du PIB de l’ordre de 0,2 ou 0,3% pour le 2e trimestre.
Le retour au pessimisme, particulièrement rapide et d’une ampleur non négligeable, pourrait impacter négativement la dynamique européenne du 2e semestre 2012 et, par corollaire, les perspectives extérieures du Luxembourg. Or, la balance partielle des échanges de biens et de services connaît déjà, au 1er trimestre 2012, une dégradation significative de 508 millions EUR par rapport au même trimestre de l’année 2011, s’établissant à 4,4 milliards EUR, soit un repli de 10,3%.
Alors que, au 1er trimestre 2012, l’évolution du PIB luxembourgeois en volume a été nulle par rapport au 1er trimestre de l’année 2011, les anticipations sectorielles ne sont guère plus encourageantes.
Dans l’industrie, après une chute au 1er trimestre 2012 de -3,1% de la valeur ajoutée
créée, les appréciations des entrepreneurs chutent littéralement en avril et en mai 2012, et ce pour un grand nombre d’indicateurs tels que la tendance de la production, les carnets de commandes ou encore les perspectives d’emploi. Le niveau de confiance s’approche, à fin du mois de mai 2012, de celui de la fin 2008.
Ce sont les services financiers qui ont connu la baisse la plus importante au 1er trimestre 2012, avec -11,6% en termes de valeur ajoutée. Le poumon de l’économie luxembourgeoise fait donc face à un début d’année 2012 difficile.
Les services immobiliers, de location et aux entreprises montrent pour leur part une
orientation favorable au cours du 1er trimestre 2012, avec une hausse de la valeur ajoutée créée de 6,0% par rapport au même trimestre de l’année 2011. Ils poursuivent donc la tendance dynamique favorable engagée depuis 2010. L’essentiel de cette croissance est à mettre au crédit des sociétés d’« activités juridiques, comptables et conseils de gestion »[1].
La crise économique a fortement impacté le marché de l’emploi et la survie des entreprises luxembourgeoises en 2011 puisque presque 1.000 entreprises ont été concernées par une procédure de faillite (+6,5% par rapport à 2010, principalement des entreprises actives dans le commerce, des entreprises de la construction et de l’horeca). Au cours du 1er semestre de 2012, 571 faillites ont été enregistrées au Luxembourg contre seulement 452 pendant le 1er semestre 2011, soit une augmentation de 26,3%. 37 faillites ont été recensées dans la construction et 158 dans le commerce. Le secteur des services reste, avec 367 faillites, le plus impacté[2].
En 2011, 3.300 personnes ont perdu leur emploi suite à une faillite, soit 17% de plus qu’en 2010[3]. Au 31 mai 2012, 14.057 demandeurs d’emploi résidants étaient recensés (soit une augmentation de 11,9% en un an), le taux de chômage s’établissant à 6,1% (contre 5,6 % en mai 2011).
Ce climat morose pèse inévitablement sur les prévisions économiques pour le Luxembourg publiées au cours du printemps 2012 par les différentes organisations nationales et internationales qui, de manière concourante, annoncent 2012 comme étant une année de très faible croissance et 2013 comme une année de reprise molle.