Tel a été le titre de la première partie des Journées de l’Economie organisées ce mercredi pour la 9e fois consécutive à la Chambre de Commerce.
Le secteur ICT fait exception à plus d’un titre. Il compte en effet parmi les rares segments de l’économie qui n’a pas subi de décrochage marqué dans le sillage de la crise économique. Effectivement, tandis que la valeur ajoutée du secteur des ICT enregistrait en moyenne une croissance de 4% par an lors de la période 2000 à 2006, le taux de croissance annuel pour la période de 2007 à 2013 atteignait même des niveaux bien supérieurs, à savoir 7% en moyenne.
Dans la même période, le taux de progression de la valeur ajoutée de la totalité de l’économie marchande stagnait. Un développement assez similaire est observé quant à l’évolution du marché du travail. Tandis que l’emploi total dans l’économie marchande s’est accru de 12% depuis 2007, l’emploi dans le secteur ICT a affiché une croissance très soutenue de 31%.
Les facteurs ayant permis un tel développement sont nombreux. Des infrastructures et des réseaux de première qualité, une culture de la confiance et de la sécurité ainsi qu’un cadre juridique favorable aux entreprises ICT font du Luxembourg un centre de prédilection en matière des technologies d’information et de communication.
Il va sans dire que le secteur ICT est également un acteur incontournable dans la recherche et développement. D’autant plus, il est réjouissant de voir la performance respectable du Luxembourg dans le dernier « Innovation Union Scoreboard », le tableau de bord européen pour l’innovation publié annuellement par la Commission européenne, dans lequel le Luxembourg loge parmi les pays les plus innovateurs. Le Grand-Duché occupe actuellement la 5ème place juste derrière les « innovation leaders », la Suède, le Danemark, l’Allemagne et la Finlande. Un très bon classement avec toutefois encore une marge de progression !
Avec un rythme de croissance bien supérieur par rapport à l’ensemble de l’économie et un taux de croissance substantiel pour l’emploi, les services ICT sont devenus un vrai moteur de l’économie. Par ailleurs, les effets d’entraînement sur les autres branches sont importants.
Le secteur des ICT est ainsi un prestataire de services incontournable pour les autres secteurs, comme la place financière. Le domaine « Fintech », englobant le développement de nouvelles technologies associées à la place financière, constitue un nouveau levier de croissance très prometteur. Nombreuses sont d’ailleurs les innovations qui peuvent faire changer le modèle de la finance : que ce soit le « crowdfunding », les monnaies virtuelles ou encore les paiements en ligne, pour ne citer que ces exemples… Le Luxembourg peut se positionner comme un centre d’excellence dans la sécurité et la protection des données !
En outre, le secteur ICT luxembourgeois s’est imposé comme un facilitateur pour des secteurs prioritaires dans le cadre de la politique de diversification. « Biobanking », « Green ICT », les technologies de la santé, l’archivage électronique, le cloud computing, le high performance computing dans l’industrie, ou encore l’optimisation des chaînes logistiques sont quelques concepts clés qui soulignent les nombreux points d’intersection entre l’ICT et les grands secteurs d’avenir. En combinant habilement les avantages comparatifs des différents secteurs, le pays arrivera à renforcer et à rendre plus compétitives encore les diverses niches de compétences, un processus nécessaire pour rendre l’économie résistante aux chocs exogènes.
Le Luxembourg est déjà aujourd’hui un e-hub européen par excellence. En tant que plaque tournante du « big data » en Europe, le Grand-Duché présente des conditions favorables en vue d’acquérir une expérience novatrice et se positionne comme un territoire de prédilection pour expérimenter des innovations dans le domaine de l’ICT, en fonctionnant en quelque sorte comme un véritable « laboratoire d’idées international ».
Quelle stratégie digitale pour le Luxembourg ? Le Grand-Duché a connu une belle évolution au cours des dernières années, mais des défis spécifiques soulèvent encore des interrogations, notamment en termes de capital humain et de matière grise, qui sont pourtant les éléments clé du fonds de commerce de chaque entreprise du monde numérique.
La culture scientifique et technologique du Luxembourg reste perfectible et il est primordial d’encourager les étudiants à se diriger vers des études scientifiques, ce qui passe nécessairement par la sensibilisation à l’école et au lycée. Si le Luxembourg tient à promouvoir la politique de diversification, il faut garantir une offre suffisante de personnel qualifié issu de notre système scolaire. En posant les bons jalons en matière d’éducation et de formation professionnelle initiale et continue, il faut aspirer à démanteler le clivage entre les profils recherchés et l’offre scolaire.
Mais même en luttant contre la dichotomie entre l’offre et la demande sur le marché du travail, la structure de notre économie ne permettra pas d’occuper tous les postes par la population active indigène, ne serait-ce qu’en termes quantitatifs, et notamment ceux qui requièrent des compétences très spécifiques. Il paraît donc également nécessaire de se donner les moyens d’attirer et de retenir les talents, notamment en leur offrant un environnement dans lequel ils peuvent développer leurs idées pour les transformer en projets concrets pouvant générer valeur et substance.
L’économie digitale a certes fait ses preuves ces dernières années, mais elle n’a pu se développer que pour autant que certaines conditions favorables étaient réunies. Il faut poursuivre dans cette voie, afin de maintenir un terreau fertile et un cadre général propice et flexible, qui permet aux acteurs de s’adapter rapidement à un environnement technologique qui change très rapidement.
“Il paraît donc également nécessaire de se donner les moyens d’attirer et de retenir les talents, notamment en leur offrant un environnement dans lequel ils peuvent développer leurs idées pour les transformer en projets concrets pouvant générer valeur et substance.”
Un tel environnement necessite aussi des lieux et infrastructures qui repondent a un tel defit. Des exemples de tel lieu existe, ce sont par exemple des Learning Centers, des lieux de rencontre, ou le numerique est au coeur du travail collaboratif et interdisciplinaire et source d’innovation. Pas besoin d’aller chercher a l’etranger ce bâtiment. Nous sommes en train de le construite a Belval… 🙂
MP Pausch
Responsable BUL